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Lettre ouverte (Offener Brief an Regierungsrat Philippe Perrenoud)

Disparition planifiée de la maternité et restrictions du plateau chirurgical d’urgence dans l’entre-saison à l’hôpital de Zweisimmen

Von Dr. med. FMH Louis Mühlethaler,
Zweisimmen

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Monsieur le Conseiller d’État,
Toujours très inquiet de la planification de la disparition progressive de l’offre médico-chirurgicale dans le Gessenay et le Simmental, et ceci deux ans et demi après ma dernière missive, je me permets de vous réécrire, car le temps presse maintenant vraiment.

En effet, outre la disparition de l’offre chirurgicale d’urgence les week-ends, la maternité de l’Hôpital de Zweisimmen va fermer ses portes au 31 mars 2015 prochain et les prestations de gynécologie-obstétrique seront déplacées à l’Hôpital de Thoune avec, pour compensation, la création d’un système de garde des sages-femmes et la posibilité pour les futures mères de séjourner quelques temps à l’hôpital de Thoune dans l’attente de leur accouchement, ce qui est une idée généreuse mais irréalisable (Quel employeur accepterait une absence prénatale prolongée pour raison de domicile? Qui s’occuperait de la famille et/ou du train de campagne durant ce temps?).

Cette solution est également irréaliste par le fait qu’un accouchement ne se déclenche pratiquement jamais à la date du terme prévu, n’est jamais planifiable sur un jour de semaine ou durant les heures de bureau et, lors que la poche des eaux est rompue et que les contractions commencent, il s’agit de faire vite…

À partir d’avril 2015 prochain, les jeunes futures mères se trouvant dans cette situation. Elles, qui seront actives dans leur activité professionnelle ou dans leur famille et vont être confrontées à un stress très conséquent, puisqu’il s’agira, pour elles, outre d’organiser leur travail et la garde de leur progéniture, de s’engager dans une course contre la montre variant entre une à deux heures (selon la météo, les travaux avec feux de chantiers, les passages à niveau, les poids lourds, les véhicules agricoles, etc.) à bord d’un véhicule dont le ou la conducteur/trice sous l’effet du stress et de l’imminence de l’accouchement, sera difficilement apte à concentrer toute son attention aux conditions de circulation sur une route étroite, longue et sinueuse menant du Gessenay ou du Simmental jusqu’à l’Hôpital de Thoune, sans compter la traversée de la ville depuis la sortie de l’autoroute!

De même, durant tout ce trajet, la parturiente devra rester assise, attachée à son siège alors que l’on sait qu’elle nécessite de pouvoir se déplacer en marchant ou tout au moins de changer fréquemment de position avant les dernières contractions menant à l’expulsion du bébé.

Si l’accouchement se produit dans le véhicule, de nuit, par temps de pluie, par fort vent empêchant toute intervention de l’hélicoptère et entre deux villages ou lieux-dits, il n’est pas possible de compter rapidement sur des secours à même de guider cet accouchement ou de sauver la mère et/ou l’enfant en cas de déroulement défavorable (Torsion de cordon, cordon circulaire autour du cou de l’enfant, arrachement placentaire avec hémorragie massive et fatale sans intervention chirurgicale imédiate).

Cette problématique se pose également de manière aiguë avec les patients victimes d’accidents graves de la circulation, à domicile ou au travail (coupures ou ruptures artérielles, de la rate, etc.) dont la prise en charge chirurgicale ne peut être en aucun cas différée.

L’idée que les conditions sanitaires de cette régions puissent reculer à tel point qu’un tel déroulement puisse être désormais à nouveau possible comme jusqu’au milieu du 20e siècle, et ceci pour simple raison de rentabilité, fait frémir… et je ne puis que conseiller à mes collègues médecins qui pratiquent ou qui s’installeront dans cette région, de bien exercer leur pratique de la chirurgie d’urgence au cabinet ou de l’obstétrique à domicile, et ceci sans filet!

Devrons-nous vraiment attendre, comme pour la sécurisation des passages à niveau, que les premières victimes nous rappellent qu’avoir accepté une telle régression de la sécurité sanitaire dans notre région était jouer avec le feu?

Par ailleurs, que penser du projet de démolir l’hôpital actuel, toujours fonctionnel, accueillant, performant et très efficace avec des chambres et des locaux confortables (j’ai pu personnellement le constater un dimanche), pour le remplacer par une structure de plus de 30 milions de francs alors qu’une rénovation, voire une extension pour permetttre la construction de salles d’opération modernes et la création d’un cabinet médical pluridisciplinaire avec accès aux possibilités actuelles (y compris chirurgicales et obstétricales) coûterait jusqu’à bien deux fois moins?

Pensons également aux jeunes familles qui ne seront pas tentées de s’installer dans cette région et, ne désirant pas prendre de risque inconsidéré, n’y éléveront pas leurs enfants. Ces derniers ne contribueront pas à leur tour à l’essort régional, ceci menant à une désertification programmée.

Je me permets de rappeler que le déficit du système de santé est un mal nécessaire faisant partie intégrante du service public nécessaire à toute cohésion de la société.

Ce déficit est supporté par les contributions financière de l’ensemble de la population à l’État de Berne qui est également, ainsi que je l’ai appris, le seul actionnaire ou du moins l’actionnaire très fortement majoritaire dans la Société STS AG gérant les hôpitaux de Thoune et de Zweisimmen.

Son Conseil d’administration prend des décisions péremptoires et sans appel au nom de son actionnaire principal, soit le Canton de Berne, mais sans tenir compte de l’avis ni des conséquences sur les contribuables du même Canton de Berne finançant le fonctionement de ces hôpitaux et habitant la région que son entreprise est censée desservir au nom même de ce service public.

Il s’agit de remetre l’église au milieu du village et considérer que la politique de santé ne peut pas se gérer comme une entreprise devant forcément être rentable, voire de plus en plus rentable d’année en annnée, mais d’un véritable service public qui ne peut pas être bradé à l’écoute des sirènes du libéralisme!

Il en va de la cohésion des populations entre les diverses régions de notre pays car, si le service public et la solidarité entre régions du même pays disparaissent, il n’y a plus de société à proprement dit et chacun se sentira livré à lui-même, comptant sur la Providence en cas de coup dur comme il y a plus de cent ans, ce qui paraît peu compatible avec la notion de pays aisé, solidaire dans la diversité de ses populations et stable économiquement qui caractérise la Suisse.

Monsieur le Conseiller d’État, je vous remercie de la bienveillante attention que vous voudrez bien porter à cette nouvelle missive qui n’engage toujours que moi, et d’agir en tant qu’ élu et défenseur d’une population qui, comme le défend votre parti, croit en une Suisse solidaire pour tous et par tous.

Je vous prie de croire, Monsieur le Conseiller d’État, à l’expression de mes sentiments respectueux.

Erstellt am: 08.01.2015

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